Pourquoi la rumeur sur le genre de la Première dame de France fascine-t-elle tant le public ?

C’est une histoire à la fois incroyable et persistante, qui poursuit Brigitte Macron depuis des années.
La Première dame de France est devenue, bien malgré elle, le cœur d’une des théories du complot les plus étranges et les plus tenaces d’Europe.
Les origines de la rumeur
Tout a commencé en 2017.
Emmanuel Macron, alors âgé de 39 ans, accède à la présidence et devient le plus jeune chef d’État de l’histoire de la République française. À ses côtés, son épouse Brigitte, élégante, rayonnante, et de 24 ans son aînée.
Leur histoire d’amour atypique fascine, intrigue… puis déchaîne les fantasmes.
Très vite, une question absurde mais virale émerge sur les réseaux :
“Brigitte Macron est-elle vraiment… Brigitte ?”
En décembre 2021, lors d’un long entretien en ligne avec une médium autoproclamée nommée Amandine Roy, une femme se présentant comme journaliste indépendante, Natacha Rey, affirme avoir mené trois années d’enquête prouvant que la Première dame serait née homme — sous le nom de Jean-Michel Trogneux, le frère aîné de Brigitte.
Dans sa vidéo, Rey exhibe de vieilles photos, compare des traits du visage et soutient que « la mâchoire et la démarche de Madame Macron sont trop masculines ». Elle va jusqu’à prétendre que les trois enfants de Brigitte ne seraient pas les siens.
En moins de 48 heures, la vidéo fait le tour du web, cumulant des centaines de milliers de vues. La rumeur, reléguée jusque-là aux marges d’internet, explose au grand jour.
🔥 De YouTube à la théorie du complot mondiale
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Avant cela, Natacha Rey avait tenté de convaincre le site d’investigation Mediapart de publier son “dossier”.
Refus catégorique : aucune preuve tangible.
Elle se tourne alors vers certains groupes issus du mouvement des gilets jaunes, qui relaient sa thèse.
Puis, un ancien rédacteur en chef d’extrême droite, Xavier Poussard (Faits et Documents), s’en empare et fait muter la rumeur :
“Brigitte Macron, née Trogneux, serait morte jeune. Son frère Jean-Michel aurait changé de sexe, pris son identité et épousé Emmanuel Macron.”
À partir de 2023, Poussard diffuse cette idée aux États-Unis. Des figures médiatiques d’extrême droite, dont Candace Owens, s’en font les relais enthousiastes.
Ce qui n’était qu’une vidéo obscure devient alors une arme politique transatlantique.
Dix personnes devant la justice
En octobre 2025, dix individus ont été traduits en justice pour harcèlement en ligne et diffusion de fausses informations visant la Première dame.
Les autorités françaises y voient un symbole de la violence des rumeurs numériques : un engrenage où calomnies et manipulation se mêlent pour détruire des réputations – et parfois, ébranler les institutions.
Pourquoi un tel engouement ?
Selon la journaliste Maya Anaïs Yataghene (France24), cette affaire contient “tous les ingrédients d’une théorie du complot parfaite” :
“Elle touche au sommet du pouvoir, suggère que le président cache une double vie, et repose sur des clichés transphobes et sexistes profondément ancrés.”
La chercheuse Alessia Tranchese, professeure associée à l’université de Portsmouth (Royaume-Uni), ajoute :
“Les campagnes de désinformation ciblent souvent les femmes puissantes. Elles combinent sexisme, âgisme et parfois racisme pour fragiliser leur légitimité publique.”
Un schéma mondial
Brigitte Macron n’est pas seule.
Avant elle, Michelle Obama, Kamala Harris ou encore Jacinda Ardern ont toutes été accusées d’être secrètement transgenres — une stratégie politique aussi absurde que cruelle.
Quand la rumeur devient une arme
L’affaire Brigitte Macron illustre à quel point, à l’ère du numérique, la frontière entre réalité et fiction s’efface.
Une vidéo YouTube, une photo sortie de son contexte… et soudain, une nation entière s’interroge sur la vie privée de son couple présidentiel.
Mais derrière cette curiosité malsaine, se cache souvent une intention : affaiblir le pouvoir en s’en prenant à la femme du chef de l’État.
👉 Les rumeurs voyagent vite.
Mais la vérité, même lorsqu’elle met du temps à se faire entendre, reste le seul antidote au poison du mensonge.
